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Le retour du fils prodigue [PV Häastrial Venceslas]

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15.08.17 11:19
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Azkhalon remontait les majestueuses ailes royales de la Grande Forteresse, les murs lui renvoyant le son monotone de ses bottes éclaboussant la fine couche d’eau qui s’écoulait perpétuellement, langoureusement, contre le marbre blanc des dalles du sol. Cette eau surnaturelle dont même les plus grands sorciers –il le savait de première main- ignorait la provenance exacte, et dont des rumeurs persistantes insinuaient qu’elles réserveraient un sort terrible à tout intrus non-autorisé assez fou pour circuler sous les halls immenses de la moins publique des parties du cœur du pouvoir en Iranieth.

Le prince, bien sûr, ne se considérait pas comme un intrus –et d’ailleurs, l’utilité même de cette défense magique le laissait dubitatif. On pouvait certes toujours imaginer un rôdeur assez habile pour pénétrer la Forteresse par d’autres voies que les portes et arches supérieurs dûment gardées. Mais quand bien même ? Qui aurait été assez habile pour s’avancer aussi loin sans être remarqué à un moment ou un autre ? Et, surtout, qui aurait été assez arrogant pour croire, fût-il parvenu jusque dans le Saint des saints, que la moindre occasion lui serait laissée de porter un coup à l’encontre du maître des lieux ?

En dépit de quoi, il ne pouvait s’empêcher de ressentir un certain malaise. Les lieux eux-mêmes auraient pu s’y prêter. La lumière limitée qui perçait depuis les vitraux, dans les hauteurs, jetaient sur les piliers colossaux et les antichambres latérales une lumière verte-bleue des plus éthérées, pareille aux couleurs à demi-oubliées d’un rêve profond. Elle ne laissait pas d’étonner nôtre prince, qui la connaissait pourtant depuis sa plus tendre enfance.

Non, forcément, il y avait autre chose.

Il soupira, essaya de chasser la confusion de ses pensées, et s’engagea dans la voie principale, celle qui menait à la salle du trône. Cela faisait près de deux années entières qu’il n’avait pas revu son père. Et l’occasion précédente pouvait à peine être considérée comme significative –une simple rencontre durant des festivités publiques aussi assommantes que fastueuses, où seules des paroles superficielles avaient été de part et d’autre échangées. Il se demandait qu’elle serait l’état d’esprit de son père, et comment se déroulerait l’audience. Lui-même se sentait moins sûr de ses propres calculs et sentiments à mesure qu’il avançait.

Mais reculer était impensable.

La double-porte titanesque de l’entrée était ouverte, et aucune magie ne s’y distinguait, signe que l’Empereur était à proximité et qu’il avait intentionnellement laissé le passage libre.
Azkhalon marqua une demi-seconde d’arrêt en entrant dans la salle du trône. Elle était encore plus sombre que dans son souvenir. Mais il était vrai que le soleil, loin dehors, était à son midi, et que la lumière naturelle n’était autorisée à percer les ténèbres que lorsqu’elle était indirectement reflétée par la lune.

Il gagna le centre de la salle en contournant les bassins de décoration du fond, dont le faible clapotis pouvait paraître accueillant ou moqueur selon l’état d’esprit du solliciteur. Le prince s’arrêta à une distance plus que raisonnable du trône, que ses yeux inhumains parvenaient tout de même à distinguer dans l’obscurité. Il mit un genou en terre devant l’Empereur d’Irianeth. Les contours de sa cape noire se perdirent autour de sa silhouette fine et robuste à la fois, et il inclina la tête. Des boucles de sa longue et pâle chevelure tombèrent un peu sur son front.

Lorsqu’il parla, les yeux toujours voilés, son ton eu toutes les nuances, même les plus inexprimables –doute, fébrilité, joie, mélancolie, incertitude –et tant d’autres choses encore :

« Père. »
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Häastrial Venceslas
Häastrial Venceslas
Empereur noir d'Irianeth
22.08.17 13:58
Häastrial Venceslas
Assit confortablement sur son trône, les ailes parfaitement redresser pour ne pas les abimés, Häastrial contemplait l’immense salle qu’était La salle du trône. D’une part, il remerciait intérieurement son père, ainsi que tous les dieux ralliant sa cause secrète, d’avoir fait en sorte qu’une certaine sorcière prénommer Hekalyn n’est pas réduit en cendre son sanctuaire au grand complet… L’empereur ne pouvait nier être en parti responsable d’un certain évènement ; les dieux n’y étaient pour rien… Après tout, peut-être que la sorcière n’aurait pas réduit une de ses colonnes en amas de pierre s’il ne l’avait pas légèrement provoqué dès son entrée fracassante dans sa salle du trône.
Si d’une part il gratifiait son père et ses semblables, Häastrial était incapable de ne pas rejeter la faute sur eux... Tout spécialement contre le dieu des dieux, Parandar, puisqu’il savait pertinemment que son paternel n’y était pour rien. Si le dieu des dieux ne lui avait pas enlevé son pouvoir divin lui permettant de voir le passé, le présent et l’avenir, ou même de ressentir parfaitement un danger imminent, comme autrefois, l’immortel déchu aurait probablement conclu cette audience, et plusieurs autres situations similaires, de manière différente.

- Majesté.

Häastrial releva brusquement le regard, cherchant des yeux le larbin qui venait de l’interpeler. Lorsque celui-ci arriva en face de lui, il mit un genou a terre et prit de nouveau la parole :

- Pardonnez-moi cette intrusion, votre Majesté… mais votre fils vient d’arriver dans la forteresse.

Votre fils. Durant un bref instant, Häastrial eut l’impression d’être séparé du monde terrestre. Durant un bref instant, l’immortel déchu oublia tout ce qu’il était tant une partie de lui espérait que les dires du larbin ne soit pas une illusion.
Lorsque l’empereur noir remarqua que ce dernier (le larbin) attendait une quelconque réaction de sa part, Häastrial soupira de découragement et le congédia d’un simple revers de la main. Dès qu’il eut quitté la salle, l’immortel déchu se leva tranquillement de son trône avant d’étendre son champ d’énergie dans la forteresse afin de savoir où était exactement Azkhalon. * La voie principale… * Se dit-il à lui-même lorsqu’il l’eut trouvé. Son fils était donc bel et bien de retour.

D’un pas terriblement lent, le regard pensif, les mains jointent dans son dos, Häastrial commença à faire les cents pas autour de son trône. Une partie de lui était plus que soulager de le savoir de retour auprès de lui. Bien qu’il ne l’avait jamais réellement quitté depuis ses deux dernières années, Häastrial avait respecté la distance que ce dernier imposait entre eux depuis déjà des années.
Cette distance ne lui plaisait aucunement, mais que pouvait-il bien faire contre cela ? Ce que son fils lui demandait depuis des années, même s’il ne l’énonçait pas avec autant de vigueur qu’avant, il ne pouvait le lui offrir... Par le passé il lui avait dit que c’était peine perdu de faire changer d’idée un dieu, mais la réalité était qu’Häastrial avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour que son père rende l’immortalité a son fils et lui pardonne cette stupide erreur de jeunesse... Le perdre était une chose inconcevable pour l’immortel déchu et encore aujourd’hui, une partie de lui maudissait Vladislas de lui faire subir cette crainte constante qu’un jour son ainé ne serait plus auprès de lui... Malgré leurs différents actuels, Azkhalon était sa chair, son sang et sa vie. Malgré ce que ce dernier pouvait penser de lui et malgré ce que lui-même laissait paraitre, Häastrial l’aimait plus que tout. S’il en avait eu le pouvoir, il aurait défié sans la moindre hésitation l’autorité de son propre père pour sauver la vie de son fils en lui rendant cette lumière céleste.

- Majes…

Minakhaïl, l’homme de main de l’empereur noir, qui venait a peine de s’introduire dans la salle par l’entrée secrète, n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Lorsqu’il vit Azkhalon entré dans la pièce, l’homme-oiseau comprit aussitôt que le moment était mal choisi pour venir dialoguer avec l’empereur de ses récentes découvertes. D’un pas silencieux, Minakhaïl s’éclipsa en silence. Au passage, alors qu’il longeait le mur du fond, il fit signe aux larbins et gardes présents dans la pièce de quitter les lieux également.
Bien que conscient des agissements de son homme de main, Häastrial ne quitta pas son fils des yeux. Au contraire, tandis que ce dernier avançait vers lui, l’empereur, lui, se rapprocha du trône afin d’être en mesure de mieux le voir.
Lorsqu’il s’arrêta, posa un genou a terre, inclina la tête en guise de respect et prononça ses quelques mots, l’immortel déchu se mordit intérieurement la joue. Même s’il ressentait une certaine joie dans sa voix, Häastrial ressentait également un maelstrom de sentiment qui n’était pas synonyme d’exultation…
Cette douloureuse constatation le ramena rapidement à la réalité.    

« Mon fils… Relève-toi. » Dit-il d’une voix calme et posé.

Intérieurement, il bouillonnait, mais il ne pouvait laisser ses sentiments -du moins, le peu qu’il avait- dicter ses gestes et ses paroles. Malgré tout ses efforts, il était incapable de ne pas regarder Azkhalon avec tendresse, déception (concernant la situation entre eux) et nostalgie.

« J’espère que tu as fait bon voyage depuis toutes ses années !? Fini-t-il par dire en retournant s’assoir sur son trône. J’ai eu vent de quelques rumeurs concernant tes passages dans quelques villages. Tu es vraiment le digne fils de l’empereur… Ajouta-t-il avec un brin de fierté dans la voix. Si jamais l’ennuie t’énerve toujours autant, il y a plusieurs raids sur les différentes îles et villages. »
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31.08.17 12:32
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Azkhalon était tellement absorbé par sa propre confusion émotionnelle qu’il passa complètement à côté du fait qu’un pilier de la salle –la salle du trône !- avait été réduit à l’état de gravats. Il sentait son cœur battre plus vite qu’à l’ordinaire et même l’ordre qui lui fût donné de se relever n’y changea rien. Au fond de lui-même, le prince héritier se demandait si son père ressentait un trouble analogue au sein.

Il prit une discrète inspiration et chercha la réponse directement en se relevant, le dos bien droit, pour regarder l’Empereur d’Irianeth dans les yeux. Un privilège fort peu partagé.

Il s’apprêtait à répondre à la question qui lui était posé, non sans une certaine gêne. Était-il possible que la distance qu’il avait imposé à son père ait davantage coûté à celui-ci qu’il ne voulait bien le laisser paraître en public ? Azkhalon n’avait jamais soupçonné que ce fût possible, et cette hypothèse le fit hésiter et ravaler ce qu’il allait dire.

*Ne sais-il donc pas que c’est pour retrouver grâce à ses yeux que je me suis donné autant de mal pour gravir les échelons de ce damné putain d’ordre de chevalerie ?* songea-t-il fébrilement au fond de lui.

Et aussitôt après, les passions sombres qui ne demandaient qu’à se réveiller en lui furent instantanément balayées lorsque son père émit une appréciation sur ses prouesses auprès de la gente féminine. Cela le fit même rire –un rire sincère qu’il n’essaya nullement de dissimuler. La salle du trône ne devait pas être accoutumée à des élans d’hilarité autres que ceux du maître des lieux –et encore ! Il sentait une part du fardeau qui pesait sur ses épaules se dissiper, et commença à marcher librement devant l’esplanade du trône impérial, avec une mine quelque peu facétieuse :

« Ah, la rumeur ! Tu dois savoir, cher père », dit-il en mettant dans son tutoiement plus de chaleur qu’il ne s’y serait attendu un moment plus tôt, « qu’elle est une courtisane à sa manière : bavarde, et toujours prête à répandre et le vrai et le faux… Mais j’ai en effet la vanité de croire que j’ai laissé un plaisant souvenir à certaines personnes fort charmantes ».

Il sourit. Marqua une petite pose théâtrale, tout à fait dans sa manière, et eut une espèce de moue amusée en regardant en coin Häastrial. « Quoique toutes ne fussent pas de la plus haute naissance… »

Il était sur le point d’enchaîner une autre tirade polie pour décliner l’offre de son père à propos des raids côtiers, lorsqu’il se retourna et finit par remarquer le piller en ruines. Il se sentit brusquement perplexe et arraché à son idée. Pourtant, son esprit était vif, et il s’efforçait intérieurement de dominer ses émotions derrière une certaine frivolité calculée. Bien sûr, son père le connaissait si bien et depuis si longtemps que ça ne ferait guère illusion, mais que pouvait-il faire d’autre pour éviter que la conversation ne glisse sur des matières qu’il préférerait éviter ?

Il arqua un sourcil et eut un mouvement de la main vers la partie de la salle qui n’avait toujours pas été reconstruite :

« Laisse-moi deviner. Tu as dû faire une démonstration pour quelques serviteurs indélicats ? Non, improbable, Minakhaïl n’est pas du genre à laisser rentrer n’importe qui ici. Hum… » Il continuait de réfléchir à toute allure, sachant que son interlocuteur était au moins aussi intelligent que lui. Certains terrains pouvaient être glissants et dangereux...

« A moins –mais c’est certainement une fantaisie de mon imagination- que tu n’aies eu maille à partir avec quelqu’un ?... »
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Häastrial Venceslas
Häastrial Venceslas
Empereur noir d'Irianeth
15.09.17 14:17
Häastrial Venceslas
HJ : Coucou Azkhalon ! Désolé du délai. Mon premier post a vraisemblablement été manger par mon internet trop lent… j’étais certaine de t’avoir déjà répondu. La prochaine fois, hésite pas a envoyer un MP. (;
Häastrial n’était pas du genre à faire preuve de retenue en présence de quelqu’un et pourtant, il s’étonna lui-même en réalisant qu’il n’agissait pas naturellement avec son fils. Du moins, dans le sens où il prenait grand soin de choisir les mots a utilisés pour dialoguer avec son fils ainé. La situation était déjà assez délicate avec ce dernier, l’immortel déchu n’avait aucunement envie d'accroitre la tension qu’il y avait entres eux. Pas aujourd’hui ! Hekalyn lui en avait déjà fait voir de toutes les couleurs au début de la semaine...

* Est-ce mon petit-fils qui daigne enfin se présenter ? * La voix de Vladislas résonna lourdement dans l’esprit de l’empereur noir, qui grimaça subtilement tout en secouant légèrement la tête. Häastrial détestait les intrusions de ce genre… Encore plus lorsqu’il s’agissait de son propre père puisqu’il était incapable de sentir celui-ci pénétrer dans son esprit.
Bien que l’éthique aurait voulu que le fils réponde à son propre paternel, l’immortel déchu ignora le commentaire désobligeant du dieu de la foudre à l’égard d’Azkhalon et bloqua son esprit pour ne plus l’entendre. Häastrial put alors reporter toute son attention sur son fils, qui commençait à marcher librement dans la salle du trône.

L’empereur ne quitta pas ce dernier des yeux. Il observa attentivement chacun de ses gestes et chacune de ses expressions. Lorsqu’il s’adressa à lui, lorsqu’Häastrial décela une once de bienveillance dans la voix de son fils, un sourire en coin apparut graduellement sur les lèvres de l’immortel déchu. Intérieurement, il savait que cela n’allait pas durer et pourtant… l’empereur appréciait -plus qu’il ne le laisse paraitre- ce moment de calme qu’il partageait présentement avec son fils… comme si la situation qui les séparait en réalité n’avait jamais existée.  

Aux secondes paroles d’Azkhalon, Häastrial eut un petit rire intérieur, qui se remarqua aisément par le balancement de ses épaules et un sourire amusé. Il allait lui répondre lorsqu’il remarqua l’intérêt soudain de son fils pour le pilier en ruine qui se trouvait près d’eux. Petit à petit, alors que son fils ainé énumérait les possibles raisons du pourquoi le pilier était en si piteux état, Häastrial, lui, afficha une expression de plus en plus… embarrassé. Même si, intérieurement, cette histoire de pilier l’amusait beaucoup, il se voyait mal expliqué à son fils -comme si de rien n’était- que l’état de ce pilier était le résultat d’une discussion avec Hekalyn.

Le bras accoudé contre son trône, le visage caché dans sa main, démontrant à la fois une certaine gêne et un amusement grandissant à ce sujet, l’immortel déchu ne put s’empêcher de rire ironiquement.  

« Encore heureux que Minakhail fasse de l’excellent travail, car cette salle ne serait pas en si bonne état sinon… Dit-il en relevant la tête tout en affichant une expression amusée. J’ai bel et bien dû faire une petite démonstration à une certaine personne pour lui rappeler où était sa place. Visiblement, se souvenir l’enchantait. Ma foi, je dois admettre que cette Hekalyn a fait preuve d’audace. Tout comme je reconnais avoir assez de chance sur un point ; cette furie n’a pas détruit la totalité de la salle lorsqu’elle a réalisé que je me moquais légèrement d’elle au départ. En revanche, je ne pourrais peut-être pas en dire autant d’ici quelques mois. Elle est revenue sur l’offre que son père m’avait faite il y a cent vingt-cinq ans... »

Häastrial décida d’attendre avant d’aller plus loin dans ses propos. Il avait déjà comprit que son fils ne voulait pas spécialement participer aux diverses missions de conquête. Si tel avait été le cas, Azkhalon serait revenu sur le sujet. Et bien qu’une partie de lui-même ne pouvait s’empêcher de se dire qu’il devait impérativement mettre son fils ainé dans la confidence concernant Hekalyn, Häastrial n’avait pas envie de lui imposer un sujet qui ne l’intéressait pas. Surtout que le sujet de la sorcière impériale n’était pas une mince affaire.
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12.10.17 17:02
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A peine une poignée d’êtres en Irianeth auraient pu se targuer de concurrencer réellement les aptitudes télépathiques du fils de l’Empereur. Aussi, lorsque la voix silencieuse d’un dieu se manifesta dans la salle, l’esprit délié de notre prince ne put faire autrement que d’y être sensible –d’autant que le dieu de la foudre n’était pas ce qu’on aurait pu appeler un maître de la subtilité. Bien sûr, le contenu, et jusqu’à la nature du destinateur du message, lui échappèrent –chose qui ne se serait peut-être pas produite s’il n’avait été pris de court. Malgré cela, il sut que quelqu’un –quelqu’un de puissant- avait jugé bon d’importuner son père en pleine audience, et il se perdit brièvement en conjoncture sur la nature de cet événement.

Mais pas longtemps. Il n’avait aucun moyen de satisfaire sa curiosité sur ce point. Et trop de tact pour y faire allusion à voix haute. Non, mieux valait laisser penser qu’il n’avait rien remarqué. Question de courtoisie. Azkhalon tenait à ses manières comme à son honneur –et peut-être même plus encore à celles-ci qu’à celui-là. Sans doute était-il au nombre de ces êtres qui, un destin cruel en eu-t-il statué ainsi, aurait enduré de s’enfoncer jusqu’au fond de la damnation, mais sans renoncer à un humour de baraquement, à un cynisme de desperado sur le point de rencontrer sa fin. Et s’il n’avait pas le goût des temps sombres, cela tenait aussi à sa propre appréciation esthétique de ce que donnait son humour lorsqu’il était d’humeur légère.

C’était presque le cas à présent. Son appréhension initiale était en train de passer. Il se laissait aller à faire tout à la fois le pitre et le courtisan avec la rigueur que peut donner une vie aussi longue passée dans un palais royal, des mines d’esthète dans lesquels glissaient des éclairs de comédie populaire et des séductions apprises au contact de la rue et de la nuit. Tout ceci semblait à vrai dire agrée à son père –et n’était-ce pas encore tout ce qui comptait ?

Il demeura cependant plus calme pour écouter les confidences de ce dernier. Ce n’était pas habituel –ou du moins, plus depuis longtemps. Ses yeux se plissèrent légèrement, signe d’une attention accrue. Son expression se fit un moment plus insondable. Devait-il rebondir sur ce que l’Empereur lui expliquait ? Eh bien, il ne voyait plus guère d’autre porte de sortie ; et maintenant que sa curiosité était à nouveau piquée…

« Une démonstration, dis-tu ? Hum, j’ai entendu parler de cette… Hekalyn. Souvent, maintenant que j’y pense. C’est un nom qui circule dans les corridors de tes sorciers. Haï et envié… En fait, je crois bien que lorsque le dernier de mes mentors, Hemshrat la Serpentine, s’est retranchée derrière les portes d’airain du dernier étage de la Tour de son ordre pour accomplir le grand rituel qui s’avéra lui être hélas fatal, ce fut parce qu’elle redoutait que cette Hekalyn s’éleva un jour au-dessus d’elle… »

Il laissait sa phrase en suspens, momentanément replongé dans des souvenirs personnels. Soupira. Quelle importance après tout ? Hemshrat avait été sévère envers lui, mais profitable avait été son enseignement. Et elle était morte depuis des décennies. Il n’y avait plus grand-chose à dire, désormais. Sinon qu’une telle fin en disait long sur l’esprit de rivalité et de soif de puissance des sujets de l’Empire que son père avait forgé. Des caractéristiques que le prince appréciait diversement.

« Une dame de haute naissance, donc » conclut le prince pour lui-même avec un coup de menton plein d’approbation. « Et fougueuse semble-t-il » ajouta-t-il en souriant de nouveau.

« Mais tu parlais d’une offre ?… Et que te demandaient donc les Norötekl pour leur fille il y a si longtemps ? Que tu l’épouses ? »

Il se mit à glousser de sa propre plaisanterie, dans l’ignorance insouciante de toute la vérité prise dans le filet de sa propre ironie.
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